Ses palabres m’ennuyaient passablement, mais je faisais l’effort de masquer ma lassitude pour ne pas le froisser, sentant que ma présence comblait un manque dans une existence devenue morne et monotone. Il suffisait de voir comment ses yeux ternes s’illuminaient lors de ces longs monologues pour se convaincre qu’il aurait été cruel de briser ce regain de vie qui lui faisait oublier ses épreuves. Aussi, c’était avec déférence que je m’efforçais de donner le change, d’autant plus facilement qu’une certaine entente commençait à s’installer.
À la fin du repas, c’est avec soulagement que je pouvais prétexter de faire la vaisselle pour échapper quelque peu à cette emprise. Comme je débarrassais couvert et assiette pour accomplir ma dernière obligation de la journée, je vis briller un petit éclat de lubricité dans ses yeux. Penchée sur l’évier, bien que lui tournant le dos, je sentis son regard me déshabiller avec insistance, et l’image furtive d’un Philippe tout sourire vint troubler ma conscience.
Alors que je tentais de remettre de l’ordre dans mes pensées, je sentis un bras bienveillant m’envelopper par la taille. Curieusement mon corps n’esquissa aucun sursaut à ce nouveau contact, mais une onde que je connaissais se propagea de la plante de mes pieds jusqu’aux racines de mes cheveux. À ce moment précis, je compris que plus rien ne serait comme avant, et c’est avec abnégation que je me laissais amadouer sans le moindre tremblement.
Devant mon manque évident de réaction, qui valait consentement, il s’enhardit encore. La main qui m’enlaçait me caressa le ventre avec insistance, glissant légèrement sous l’élastique de mon short, tandis que l’autre me caressait la chevelure.
— Tu sens bon, me dit-il, reniflant le creux de mes épaules.
Je me recroquevillai sous la chatouille de son souffle sur ma nuque, geste qui porta involontairement mes fesses sous sa bedaine rebondie, lui donnant à son tour un mouvement – certainement tout aussi incontrôlé – du bassin vers l’avant. La pression de sa main me ceinturant se fit plus forte, l’autre alla errer sous mon débardeur, s’arrêtant à la naissance de ma poitrine.
Je perçus le bouleversement que lui occasionnait l’effleurement de la brassière qui enveloppait délicatement mes petits seins. Il eut une forte inspiration en plaquant plus fortement mon postérieur sur l’organe vibrant qui nichait à son bas-ventre. Je n’avais plus cette résistance, encore moins le désir, nécessaire pour mettre fin à cette tangence de nos intimités qui nous amena vers un point de non-retour.
— Tu me laisses te caresser ? Tu es si belle… si jeune… Je ne te ferai aucun mal, promis… J’aimerais juste toucher un peu ton corps, il y a si longtemps que je n’ai pas eu ce bonheur de câliner la peau d’une douce créature…
La supplique était sans détour, d’une grande simplicité, mais difficile d’y consentir.
— Je t’en prie, je sais que ça peut sembler mal placé, mais ce sera certainement la dernière fois que je toucherai le corps d’une femme…
Sa ténacité me fit vaciller, le souvenir des merveilleux moments partagés avec Philippe me revinrent en mémoire, me redonnant cet indicible envie de les revivre. Dans un premier temps, je voulus feindre un refus comme pour me laisser un temps de réflexion, mais mon hésitation à la formuler la rendit guère convaincante. Puis, débarrassée de mes derniers scrupules, je me retournai vers lui et jouai maladroitement à l’ingénue :
— Juste toucher un peu, alors…
Aussitôt formulée, ma phrase me parut stupide et totalement cynique. Comment pouvait-on laisser un homme qui manifestait un tel désir « toucher un peu » ? Cette incongruité ne sembla nullement effleurer le gaillard qui avait retrouvé la fougue que l’on dit généralement appartenir à la jeunesse.
Se portant sur mon flanc, ses mains exploraient déjà la chair tendre de mon abdomen qu’il palpait avec délicatesse. Il lut mon abandon dans la mollesse qui m’envahissait, tout comme je remarquai son désir de m’explorer bien plus « qu’un peu » par la saillie qui enflait à son entrejambe.
Il se recula pour prendre une chaise puis, une fois assis, il me prit la main et m’attira à lui. Son regard était suspendu à ma taille, comme hypnotisé par la partie de mon ventre exposée sous mon débardeur trop court. Il se remit à masser mon petit bedon, geste puéril qui tranchait avec l’agitation qui me gagnait.
Relevant la tête, il me regarda avec une candeur désarmante, balayant mes dernières incertitudes, et s’inquiéta d’une voix devenue presque atone :
— Tu me laisses vraiment te toucher ?
Le silence qui suivit était le meilleur signe de mon consentement. Ses mains se firent agréablement exploratrices, vagabondant de mon ventre à mes cuisses, méprisant le pont intermédiaire. Mon corps s’exaltait sous cette double prospection, je me délectais de ces touchers, regrettant seulement que l’examen ne soit pas complet.
Enfin il me retourna pour m’ausculter plus pleinement, ses pognes malhabiles transgressèrent la convenance pour masser les rondeurs de ma croupe. Après s’être assuré que leur galbe était conforme à la perception qu’il en avait eu, il reporta son attention sur la face première. Sans davantage oser s’y aventurer, ses doigts velus se hasardèrent aux frontières du défendu, s’arrêtant à la limite de ma culotte sous laquelle ma pétulante nature s’enflammait.
— Viens ! Assieds-toi sur mes genoux !
L’ordre étant affectueux, je ne lui laissai aucune chance de se répéter et m’installai avec candeur sur ses cuisses robustes. Toujours sans échanger le moindre mot, il poursuivit ses attouchements, mais cette fois sa curiosité semblait s’être amplifiée au point de se risquer à glisser la phalange d’un doigt dans l’entrebâillement de mon short, là où la peau est d’une finesse et d’une sensibilité extrême.
Timidité ? Malaise face à un acte de transgression ? Sa conquête de mes paysages prit fin dans un grand soupir, comme pour bien me signifier son impossibilité de passer outre les règles de la décence.
Devant son inaction, devinant sa difficulté à conclure un examen bien mal engagé, je me relevai d’un bond, prenant prétexte de l’heure suffisamment avancée pour signifier mon envie de sommeil. Il ne réagit guère à ma promptitude, se contentant de me lancer un vague « Bonne nuit ! ».
Avec la même célérité, je regagnai ma chambre, mi-guillerette, mi-accablée. Guillerette, car j’avais revécu ces instants d’excitation qui mène l’homme à me manifester sa virilité ; accablée, car l’espérance n’avait pas été tenue.
C’est avec cette alternance de sentiments que je tentai de m’endormir, après m’être consolée de ce désir inabouti par une intime caresse.
Je n’en avais pas encore conscience, mais mon penchant pour la sexualité avait pris un nouvel élan, et j’étais bien loin de pouvoir l’entraver…


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