Itinéraire d’une dévergondée Chapitre 6

Le temps de me faire ces réflexions internes, Philippe posa sur la table deux expressos fumants dont le puissant arôme emplissait la pièce. Faisant coulisser une tablette qui recouvrait en partie l’îlot central, il la transforma en un tour de main en console apte à recevoir quatre personnes. Me désignant l’un des hauts tabourets placés devant, il m’ordonna :

— Assieds-toi, ce sera plus confortable.

Je me hissai sur le siège, de manière un peu gauche, car la manœuvre n’était pas facilitée par ma petite taille. Soufflant chacun sur sa boisson chaude, nous nous regardions, sans véritablement entamer une véritable conversation. J’avais parfois quelques difficultés à soutenir son regard, et c’est sans surprise que j’entendis sa question :

— Alors, petite Justine, comment as-tu vécu notre dernière rencontre ?

Reposant calmement ma tasse, je pris le temps de réfléchir à une réponse sensée, mais je ne trouvai rien de mieux à prononcer qu’un banal :

— Très bien !
— Tu as réellement aimé ? Je parle bien entendu de cet « échange » d’un genre un peu particulier que nous avons eu à la fin de notre relation !

Puis, prenant son petit air malicieux, il rajouta :

— Tu n’as pas eu trop de difficultés pour t’en défaire ?

Je ne pus réprimer un sourire qui, face à son aspect goguenard, se transforma aussitôt en une crise de fous rires difficiles à contenir. S’amusant de ma mine enjouée, voulant terminer la farce, il s’approcha de moi, me caressa tendrement le visage, et sans détour me demanda :

— Tu n’aurais pas envie de recommencer ?

Mes gloussements s’arrêtèrent sur le champ. En guise de réponse, je me laissai glisser de mon tabouret, et me blottis contre lui. Chancelante sous un rythme cardiaque arythmique, je me cramponnai à sa taille. Perdant l’emprise de ma pensée, fruit d’une vérité trop longuement contenue, ma phrase fusa avec une sincérité convaincante :

— J’aimerais faire l’amour avec toi !

Un long silence, interminable, s’ensuivit…
Toujours pelotonnée contre son ventre, j’entendis sa respiration se bloquer. Avec une voix qui trahissait son ébranlement, il balbutia :

— Faire l’amour… avec moi… mais enfin… tu n’y penses pas sérieusement ?

Sur un ton plaintif, je le suppliai presque :

— Je veux découvrir cette expérience avec toi !
— Je veux… Je veux… Mais… comprends-tu tout ce que ça implique ?

Non, je ne comprenais pas vraiment « tout », mais seule mon envie du moment l’emportait, faisant fi du reste. Devant mon manque de réponse, Philippe s’inquiéta :

— Tu m’avais dit ne pas prendre un contraceptif. De mon côté, je n’ai pas de préservatif, je n’en ai jamais mis d’ailleurs…
— On peut le faire sans.
— On peut, on peut… tu en as de bonnes, c’est quand même risqué, ma petite Justine.
— Tu as de l’expérience, toi, tu saurais le faire… enfin… pas tout…
— Pas tout ? Tu veux dire sans aller jusqu’à… Oh, et puis la barbe, tu es assez grande pour entendre les vrais mots !

Je ne pus masquer ma cruelle déception. Je m’étais fait une telle joie de découvrir cet acte encore mystérieux de la copulation, je doutai à présent de poursuivre avec lui mon apprentissage de la sexualité. Puis, ébranlé par mes pupilles subitement brouillées de larmes et qui semblaient l’implorer, il sembla amollir sa position et me convia à m’asseoir sur le canapé.
S’installant à mon côté, magnanime, il m’enveloppa d’un bras secourable et tenta de me consoler.

— Si je comprends bien, et je crois bien comprendre, mademoiselle voudrait connaître le grand frisson… mais sans toutefois prendre le risque d’une pollinisation ? Mademoiselle a-t-elle vraiment bien appréhendée les risques d’une union avec le sieur Philippe ? Ou mademoiselle porte en si forte estime son maître et néanmoins ami qu’elle le pense suffisamment aguerri au jeu de la séduction ?

Cette énumération de reproches aurait pu passer pour une vigoureuse réprimande ou une vive désapprobation d’une forme d’inconscience, si un sourire de connivence ne s’était pas affiché sur le visage de l’homme qui m’adressait cette admonestation. L’auteur de la pseudo-gronderie me taquina gentiment le menton, comme il avait coutume de le faire, et approcha ses lèvres de ma bouche gourmande.
Le chaste baiser se transforma vite en une ardente embrassade. Le souffle court, dans le tumulte du duel de nos langues et du choc de nos dents, nos contacts se firent virulents. Mon amant – car il faut bien appeler les choses par leur nom ! – déboutonna ma chemisette, remonta ma brassière au-dessus des seins qu’il se mit en joie de triturer, mordiller, suçoter…
Couchée sur le divan, je me laissai déguster dans une vorace étreinte, et me mis à le cajoler à mon tour. Mes doigts osèrent s’immiscer sous son polo, trouvant sous leurs caresses le torse velu aux muscles saillants contre lequel j’avais déjà aimé me blottir.
Mon short glissa subitement sur mes cuisses, tiré par une main impatiente de retrouver la tendre chair de mon entrejambe. Philippe se laissa glisser contre mon ventre, pris l’élastique de mon « micro-shorty » entre les dents et tenta de m’en défaire. Le délicat vêtement résista bien mieux qu’il ne s’y attendait à cette nouvelle gloutonnerie. Seule la naissance du repli de mon sexe lui fut révélée.
Se relevant soudainement, il me prit dans ses bras et me porta jusqu’à sa chambre pour me placer debout devant sa couche. S’agenouillant entre mes cuisses, il fit tomber mon short sur les chevilles et fixa son regard sur mon mini-slip qui épousait comme une seconde peau ma motte gonflée de désir. Son index flatta le renflement du mont de vénus, s’attardant sur le sillon qui le divisait en deux. Ce petit jeu ne dura qu’un instant, avant qu’il ne juge ma frêle parure totalement superflue et mette à nu ce triangle qui fait la distinction de mon sexe.
Me basculant avec précaution sur son lit, il fit chavirer mon esprit vagabond qui se projetait au-devant des délices à venir. Se traînant comme un rôdeur entre mes gambettes écarquillées, il fouilla du nez et de la langue dans ma fleur intime parfaitement éclose.
Il me butina longtemps… intensément… adroitement… m’arrachant soupirs et cris au gré de ses célestes câlineries. Il se releva… le visage luisant du miel volé à la ruche.
Impudiquement étalée sur le lit, chemise ouverte et poitrine déballée, je lui permis d’admirer l’objet de l’offrande. Il se dévêtit prestement, faisant jaillir de son écrin un précieux joyau qu’il m’exposa dans un état présentant la même indécence, puis me rejoignit pour m’aider à me débarrasser des restes de mon ridicule accoutrement.
Il vint se coucher sur moi, m’englobant dans sa douce chaleur, et aussitôt nos bouches insatiables fusionnèrent dans un même élan. Je ressentis contre mon ventre les tressaillements de son pénis qui se rapprocha peu à peu de mon ouverture, me transmettant ses fébriles tremblements.
S’étant partiellement repu de mon nectar, me jugeant suffisamment préparée pour l’ultime sacrifice, il braqua son dard à l’entrée de ma virginité et entreprit un lent glissement dans l’anfractuosité humide. Les yeux clos pour mieux goûter chaque seconde de cet instant tant souhaité, je sentis la pointe de sa flèche se frayer un passage dans l’étroit canal qui nous mènerait tous deux à l’extase.

Inanna

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