Itinéraire d’une dévergondée Chapitre 4

Le lendemain, me réveillant bien plus tard que d’habitude, j’émergeais avec difficultés d’un sommeil épisodiquement troublé par des songes impurs. Après une douche récupératrice, qui me permit de retrouver une bonne partie de mes capacités de réflexion, une évidence s’imposait : je n’aspirais qu’à retrouver Philippe au plus vite. Je ne concevais plus d’être séparée de lui, sa présence m’était devenue indispensable.

Il me fallait impérativement m’organiser pour le revoir ce jour même, toute autre possibilité m’était tout bonnement devenue insupportable. Accaparée par cette obsédante pensée, je déjeunais sans grande faim, plus par habitude que par réel appétit, provoquant l’inquiétude de ma mère qui me trouva « mal en point ».
Je ne m’aperçus même pas de la présence de Granite qui attendait avec impatience les marques d’affection que je ne manquais jamais de lui donner au lever. Geignant à mes pieds, il parvint à attirer mon attention, je le pris sur mes genoux pour le cajoler et me faire pardonner ce manque de considération inhabituel.

Un soleil resplendissant était l’alibi parfait pour reprendre la direction du domicile de Philippe, c’est donc en compagnie de mon chien que je me retrouvais devant l’accès « non-officiel » de sa propriété en tout début d’après-midi. Seul un couple âgé se prélassait sur le rivage, dans un renfoncement naturel de la côte qui leur offrait ombre et abri au vent. Ils ne firent aucunement attention à notre arrivée à cette heure inhabituelle sur la plage.

À l’approche du terme de mon court voyage mon rythme cardiaque s’accéléra. Je ne trouvais aucun prétexte crédible à lui avancer – hormis l’inavouable envie de poursuivre nos effusions de la veille – pour justifier mon arrivée précoce et j’appréhendais sa réaction. Granite, une fois le labyrinthe végétal franchi, se mit à tirer sur sa laisse de façon anormale, aussi je le détachais et le laissais me devancer sur l’allée gravillonnée.

À l’angle de la demeure, alors que j’allais déboucher sur la terrasse, je me retrouvais face à Philippe venant à ma rencontre. Tout sourire, habillé d’un seul slip de bain et visiblement amusé de l’effet produit, il se campa fièrement devant moi, sans manifester le moindre embarras, pour me déclarer :

— Bienvenue Justine, ton petit éclaireur m’a agréablement annoncé ta visite. Je n’espérais pas te voir de si bonne heure !

Répondant à son bonjour, rassurée par l’accueil, je me sentis d’emblée plus détendue même si la vision de cet homme si peu vêtu me redonnait ces incompréhensibles fourmillements qui parcouraient mon corps.

— Tu vois qu’il m’aime bien ce gentil toutou, me dit-il en caressant Granite qui se trémoussait d’aise dans ses bras.

S’avançant vers moi, il me prit la main et me guida vers la terrasse inondée de lumière par le soleil à son zénith.

— Ne sois pas timide ! Regarde ton chien, lui au moins connaît le chemin, plaisanta-t-il en reposant Granite à terre et l’observant trouver refuge sur l’un des fauteuils.

Impressionnée par ce corps presque nu, me montrant tout aussi maladroite pour engager une conversation, je n’osais répondre. Je me trouvais sotte, voilà que je désirais tant le retrouver et, maintenant qu’il était face à moi, je ne pouvais même pas prononcer un mot.
Détachant son attention du plaisant tableau qu’offrait mon animal étalé de tout son long au milieu des coussins, il se retourna et m’enveloppa dans ses bras. Au contact de son torse velu sur ma joue, les picotements se firent plus forts. Nous restâmes ainsi enlacés, sans rien se dire, nous contentant de ressentir la présence de l’autre.

Relâchant ses bras, il me prit le visage encadré dans ses mains mises en forme de coupe et n’eut aucune difficulté à porter ses lèvres sur ma bouche fiévreuse de désirs. Notre douce union se prolongeant, après nous être assuré que Granite s’était endormi sur sa couche improvisée, il me souleva sans peine pour me porter à l’intérieur ombré de son salon.
Je me retrouvais une nouvelle fois allongée sur la large banquette du salon, son corps lourd divinement plaqué contre le mien. Nos embrassades étaient si fougueuses que parfois nos dents s’entrechoquaient sans toutefois pouvoir calmer notre impétuosité.
Cette fois, je ressentis très nettement l’appui de l’excroissance de son sexe qui se développait contre ma cuisse. Loin de me sentir embarrassée par cette troublante perception, je devais au contraire résister à la forte tentation d’y porter la main.
Ressentant chacun le besoin de respirer pleinement, nos lèvres se décolèrent, nous laissant à bout de souffle. Se relevant pour s’agenouiller plus commodément à mon côté, je perçus que la manifestation de son excitation était devenue flagrante. S’apercevant de l’intérêt que je portais sur son impulsive anatomie, sans se défaire de son habituelle assurance, il m’affirma sans détour :

— Justine, je suis désolé, mais je me dois de te confesser une seconde confidence : tu es loin de me laisser indifférent. Je ne voudrais surtout pas te scandaliser, mais je te désire fortement.

J’étais évidemment loin d’oser lui avouer à mon tour que, même pour une jeune fille inexpérimentée, l’affaire semblait évidente. Se relevant, il me permit encore plus de constater que la représentation que je pouvais me faire de sa « chose » se précisait : je distinguais le relief de son membre tendu sous le tissu. Embarrassé, devenu presque maladroit, il ne semblait plus savoir quelle attitude adopter pour éviter de renouveler mes précédents rejets.
Je réalisai soudainement que je ne devais pas lui rejouer ma scène de la pucelle effarouchée. Me rappelant mes dernières résolutions, je me relevais et essayais de lui faire comprendre que je ne le craignais nullement en cherchant à retrouver sa douce intimité. Visiblement fort heureux de ma réaction, il m’ouvrit les bras, dans lesquels je m’empressais de me réfugier.

Blottie tout contre lui, je l’entendis soupirer profondément. Me demandant quelle pouvait en être l’origine, je lui portais un air interrogateur.

— Serais-tu choquée de me voir nu ? me demanda-t-il à brûle-pourpoint.

Un peu décontenancée par la façon abrupte qu’il avait de me poser cette question, je trouvais qu’après tout ce ne serait que justice, il m’avait bien observée sous toutes les coutures ! La gorge nouée, avalant difficilement ma salive avant de pouvoir lui répondre par la négative, je sentis une nouvelle vague d’ondoiements me parcourir de la tête aux pieds, comme si je m’étais retrouvée soudainement exposée à un violent courant d’air.

À ce moment précis, comme pour me sauver d’une situation embarrassante, Granite fit son entrée dans la pièce, baillant et s’étirant de tout son long pour sortir de sa somnolence. Il vint vers moi, me gratta doucement le mollet de sa patte, me signifiant son envie d’être pris sur mes genoux. Me rasseyant, je tapotais ma cuisse d’une main, geste qu’il interprète toujours comme un accord, et d’un court élan sauta d’un bond leste à l’emplacement convoité.

Me laissant câliner mon animal, Philippe prit la direction de cette pièce que j’imaginais être sa salle-de-bain. Une de ses phrases me revint en mémoire, celle où justement il m’avait confié aimer être nu chez lui, à l’abri des regards. Cette confidence avait quelque peu heurté ma sensiblerie sur le moment, à cet instant je me sentais tout à fait prête à partager cette manière de vivre.
Réfugiée dans mes pensées, dorlotant mon chien qui s’était encore assoupi, je ne m’aperçus pas immédiatement de son retour. Il était là, devant moi, les deux mains croisés sur son pubis en guise de cache-sexe, me donnant l’impression d’un exhibitionniste pris en flagrant délit par la maréchaussée.

Inanna

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