Itinéraire d’une dévergondée Chapitre 13

Inanna, vous transmet le 13ème chapitre de son histoire érotique

N’oubliez pas de lire le premier chapitre d’Indécences – Itinéraire d’une dévergondée

Chapitre 13 : Chimères

 

Insouciante, sous le ciel d’un familier visage qui s’estompe, je gambade sans contraintes sur une plage qui ne borde aucune mer. Sautillant, dansant, caracolant légère comme le vent dans une robe de nuage, je me fonds dans l’inexistant paysage.
Au loin, sur un infini gris, seul, un galet couleur fournaise m’attire. Lorsque je m’en approche pour le saisir, j’en aperçois un autre plus loin, plus gros. Il est de la même nature, et lorsque je veux le toucher, un nouveau m’apparaît, toujours plus loin, encore plus haut. Je m’empresse de l’enjamber, juste pour vérifier si le curieux maléfice se renouvelle. Perdant au passage un peu de ma robe-nuage, je comprends que l’enchantement a lieu !
Sur le ciel s’est ravivé le familier visage et le galet s’y est prolongé en menhir miniature, toujours de la même teinte feu. Me riant de cette minérale facétie, je l’enjambe lui aussi pour retrouver le même un peu plus loin, encore un peu plus grand.
Au firmament se redessine le familier visage, et la farce se répète plusieurs fois, mais les galets tendent de plus en plus vers une forme étirée, au fur et à mesure que ma robe-nuage se délite. Un nouveau présente un léger bourrelet à son pied, comme s’écrasant sous son propre poids. Le suivant se boursoufle encore plus à sa base qui se divise, et semble dessiner comme l’amorce d’une tête.
M’amusant toujours plus avec ces galets joueurs qui m’apparaissent à un rythme qui s’accélère, je me mets à entamer une plaisante partie de saute-mouton. Je bondis gaiement par-dessus chacun d’eux, prenant appui sur cette tête qui grossit continuellement sous mes mains, dissipant un peu à chaque pirouette mon altérable robe-nuage.
Sur la voûte céleste le visage semble me sourire mais, doté d’un esprit espiègle, s’évanouit dès que je tente de le fixer. Est-ce bien lui ? Toujours bondissante, je saute par-dessus des galets invariablement croissants, me frottant l’entrejambe un peu plus à chacune de mes acrobaties.
Ma robe-nuage s’est entièrement évaporée, me laissant en suspens sur l’ultime pierre qui semble vivante et cherche à s’enfoncer dans l’ouverture de mon ventre. Me sentant humiliée, je demande assistance vers ce visage à l’énigmatique grimace.
Philippe, est-ce toi ?
Une voix dans mon dos marmonna une phrase incompréhensible. Le frottement d’une main sur mon ventre me sortit de ma somnolence ; l’impression d’une chaleur animée entre mes fesses me fit tressaillir.

« Tu ne dormais pas ? Tu rêvais ? »

Je reconnus la voix et retrouvais du même coup mes facultés.

« Non, pourquoi ?
— Tu as parlé pendant ton rêve, j’ai cru reconnaître plusieurs fois le mot « Philippe ». Ça te dit quelque chose ? »

Évidemment que ce mot me « parlait ». Avec la réminiscence de mon rêve, ma pensée retourna naturellement vers celui qui avait éveillé ma sensualité. L’empreinte de son corps chaud imprégna ma nudité, me laissant languissante contre un autre homme dont j’oubliais presque la présence.
Mon voisin de lit prit le voluptueux soupir qui accompagna ce lascif abandon pour un blanc-seing. Sa main invisible m’explora à tâtons ; parcourut le galbe d’un sein, vérifia la rondeur d’une fesse, sonda l’entrée de mon sexe…

« Hum, Justine, tu m’excites, j’ai encore envie de faire l’amour avec toi… »

Pour me faire comprendre le bien fondé de sa supplique, il me fit ressentir la renaissance de sa vitalité en la frottant contre ma hanche. Cédant à cette nouvelle convoitise, je le laissais aborder mon anatomie pour assouvir sa faim et apaiser ma propre appétence.
Il s’allongea sur moi, guida sans difficulté son sexe pour l’emboîter dans le mien et entama une longue chevauchée nocturne. Je défaillis très vite sous la puissance répétée de son pénis dans la profondeur de mon ventre. Pour le recevoir mieux encore, je me busquai en arc inversé, recherchant à rendre plus délectable ce capiteux coulissement.
Dans le silence de la nuit, je n’entendais plus que le clappement régulier de sa verge dans ma vulve trempée. Le chahut de son agitation cessa soudain, il s’effondra sur moi, presque suffocant. Son buste écrasa ma poitrine, me faisant percevoir le rythme emballé de son cœur.
Après une forte inspiration, il se releva sur ses bras tendus, puis articula avec peine :

« J’ai envie de te prendre en levrette, sentir ton petit cul contre mon ventre. »

Déracinant sa pousse bien plantée dans mon sillon, il me permit de me retourner pour lui présenter mon arrière-train dans la position favorable à sa supplique. Alors que nos silhouettes ne se délimitaient qu’imperceptiblement sur le mouvant matelas, il n’eut aucune hésitation pour m’embrocher sur son pieu inflexible dès la première tentative.
M’agrippant par les hanches, il s’amusa à m’arracher de petits cris d’extase en m’agitant vigoureusement sur son implacable pédoncule. Je me pâmais sous les coups redoublés, les glissements de son appendice endiablé stimulaient l’humidité de ma matrice. Voulant me posséder plus pleinement, il me ceintura de ses bras, soulevant mes fesses entre ses jambes écartées pour me pilonner avec encore plus d’intensité.
Je passai une main sous mon ventre, devinant la progression du phallus dans ma vulve affamée. Je me sentis mollir lorsqu’il me porta l’estocade, et m’abandonnai à l’intense satisfaction qui fusa aux tréfonds de mon corps. Secouée par l’orgasme et la fougue du mâle qui me couvrait, savourant d’être ainsi pourfendue, je me délectais des bruits humides de notre frénétique fornication qui s’amplifièrent lorsque ma paume soupesa l’oscillante cosse et déclencha la sémination.
Le souffle court, il m’entraîna avec lui sur les draps, prenant soin de rester accouplé. Sa verge garda une raideur suffisante mais, les gonades taries, il dut renoncer à me sonder davantage. Nous nous endormîmes ainsi, l’un dans l’autre, mes fesses poisseuses collées à son ventre.
Aucun songe ne vint habiter le reste de ma nuit. La lueur de l’aube, alors qu’aucun bruit d’activité ne se faisait entendre, me tira d’un profond sommeil. Reposée, les sens assouvis, je m’étirai en baillant d’aise. Émergeant à son tour de sa torpeur, Denis se releva sur ses coudes et me désigna son bas ventre libéré d’un geste du menton. Devançant son invite, je m’agenouillai entre ses cuisses écartées. Mon fessier souillé bien relevé aurait pu offrir un joli tableau à un éventuel curieux qui aurait pu nous observer par la fenêtre de notre chambre. L’idée ne fit que m’effleurer… mais elle se montra séduisante !

Mon fessier souillé bien relevé

Pour l’heure, je me concentrais sur ce bonbon rose qui avait gardé le goût de nos émissions nocturnes et le mélange de nos odeurs. D’humeur badine, prenant soin de bien humidifier l’anche de son flûteau, il me prit la fantaisie de lui jouer la plus belle aubade de mon répertoire.
Par des pressions rythmées sur ma nuque, il donna le tempo de mon mélodieux solo, faisant rentrer l’embouchure de l’instrument bien plus avant que n’aurait pu le supporter une instrumentiste moins aguerrie. Distraite par la seconde main qui fraternisait harmonieusement avec un téton, je dus faire appel à toute ma virtuosité pour exécuter entièrement la partition et extraire les dernières notes – que des blanches – du fifre récalcitrant.

Je délaissai le pénis affaiblissant pour m’étaler de tout mon long sur le corps chaud de mon amant, la bouche imprégnée de cette douce saveur de son sperme. Le bas-ventre en feu, j’ondulai du bassin sur le ventre de Denis, son organe mâle amolli aspiré entre les lèvres étirées de ma vulve humide d’un nouveau désir et de semence accumulée.
À cet instant, je regrettai le départ précipité de Serge. Son embarras et sa confusion devant ma nudité m’avaient émue. J’aurais tant voulu qu’il soit encore avec nous, tout autant pour l’attrait de son sexe que pour lui donner la possibilité de prolonger l’assouvissement de ses désirs. Je le savais parti sans s’être réellement rassasié de mon corps.
Je pressentais que cette relation serait sans lendemain. Me laissant glisser plus confortablement sur le côté, la tête bien calée au creux du bras de l’homme qui venait de me posséder avec une vitalité et une rudesse qui me surprenaient. Je mis sur le compte de la présence d’un autre homme ce comportement qui tranchait avec son attitude plus réservée et délicate de notre précédente rencontre.
Une autre énigme vint titiller mes pensées vagabondes, que pouvait donc bien signifier cette maxime qu’il m’avait donné en guise de conclusion lors de notre première relation ?
Déterminée à assouvir ma curiosité, je triturais un téton de l’homme qui s’assoupissait à nouveau et tentais de satisfaire ma curiosité :

« Dis-moi ! L’autre jour, en me quittant, tu m’as dis vouloir faire une bête à deux dos… ou quelque chose dans le genre… ça veut dire quoi exactement ? Je pense que forcément sexuel, mais je n’ai toujours pas compris. »

Il partit dans un éclat de rire sonore, faisant tressauter ma joue en appui sur sa poitrine. Sur le moment, je fus passablement vexée de lui révéler mon ignorance, mais mon désir de connaissance l’emporta sur ma confusion.

« Comment expliquer ? Imagine que je sois sur toi, nos corps nus ne faisant plus qu’un… selon l’expression consacrée. Je pense que celle-là tu dois la comprendre ? »

Je ne pus que confirmer par un silence suffisamment éloquent pour qu’il poursuive :

« Donc, étant intimement emboîtés l’un dans l’autre, la face avant de nos corps ne sont plus visibles. L’ensemble forme donc une « bête » avec deux postérieurs… et un dos sur chaque face ! Je crois savoir que c’est Rabelais qui aurait inventé la formule. Mademoiselle est-elle satisfaite par mon explication ? »

– – –

Ma soif de connaissance fut réellement satisfaite, mon désir d’exaltation restait quant à lui bien loin d’être apaisé. La semaine qui suivit ce pétulant intermède fut d’une fastidieuse platitude. Me le remémorant sans cesse, j’étais devenue quasi incapable de concentrer mon attention ailleurs que sur le souvenir de cette double rencontre. Néanmoins, mon jugement se partageait entre deux appréciations fortement divergentes.
D’une part, ce rendez-vous avec deux hommes m’avait apporté une réelle réjouissance mais, d’un autre côté, il m’avait laissé une certaine amertume dont je ne parvenais pas à identifier clairement la cause. Au fil de mes réflexions, j’en arrivai à penser que ce sentiment de déception venait plus particulièrement de la personnalité et le comportement de Serge. Impression qui pouvait être dû au fait que le moment passé avec lui avait été trop rapide, trop brusqué.
Cependant, ayant goûté à l’impudicité et la luxure, une évidence s’imposait : une simple rencontre en « tête-à-tête » avec un homme ne saurait plus étancher ma soif de volupté. Le rappel de Philippe s’estompait dans mes rêves, ma chair s’était éveillée et recherchait plus de lascivité.

Inanna

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