Itinéraire d’une dévergondée Chapitre 10

Aussitôt qu’il se retira, je courus dans la salle de bain, pinçant les lèvres de ma matrice dilatée entre les doigts pour éviter la perte de l’épais liquide qui s’en écoulait. Sans même prendre soin de refermer la porte, je m’assis sur le bidet, jambes ouvertes, et me penchai en avant pour contempler passivement le dégorgement de la semence amassée.

Essuyant soigneusement mon sillon gluant, je retournai dans la cuisine où mon étalon ne semblait pas avoir changé de place. En revanche, je remarquai qu’il avait proprement remisé son attribut, me faisant remarquer que mon cache-sexe était resté sur un bout de la table. Sous ses yeux ébahis, je repris ma culotte… et décidai de ne pas la remettre.
L’habituelle conjonction de nos corps ne se fit pas ce soir-là, mais j’obtins cependant ma seconde ration de la journée, certes moins abondante, de cette boisson que je commençais à apprécier à sa juste saveur. Ce premier intermède nous ayant agréablement diverti, la teneur de nos conversations prit un tour plus polisson, d’autant plus que je me promenais les fesses à l’air sous ma courte jupe.
Ce dernier point, qui n’était nullement un mystère, avait le don d’aviver chez mon comparse un regain d’intérêt pour mon anatomie, surtout la partie qui lui apparaissait fugitivement sous mon cotillon. En parfaite connivence, nous nous amusions tous deux de cette complicité grandissante qui nous amenait à nous acoquiner. Je ne me gênai donc pas pour faire singulièrement virevolter ma jupette en cette fin de journée, ou de me baisser plus que de raison pour reprendre un objet qui m’avait délibérément glissé entre les doigts.
À force de tentations, un instant où je fus à sa portée, il me saisit par la taille et me bascula en travers de ses genoux. Je me retrouvai vite retroussée, le derrière hardiment exposé. Ne voulant surtout pas compromettre ma chance d’être lubriquement tripotée, je lui laissai toute latitude pour ce nouveau jeu érotique qui s’amorçait.
Ma disposition égrillarde se décelant, je m’imaginai jeune fille offerte à un vieil érotomane au tempérament lubrique irrépressible. Avec volupté, je le laissais m’écarter les fesses, puis ouvrir mon secret de femme pour contempler méticuleusement mes organes génitaux, n’omettant aucun repli. Le rythme de sa respiration s’accéléra – en voyant les salissures de son passage ? – et il dut même toussoter plusieurs fois pour retrouver un souffle régulier.
À ce jeu de dupes, nos sens ne se trompèrent pas ! Nos véritables natures firent surface, sans fard, sans pudibonderie ou toute autre forme d’hypocrisie. Après m’avoir suffisamment auscultée, il relâcha la pression de son étreinte, me permettant de me relever et de me ventiler plus aisément.
Ma jupe retomba, cachant ces charmes dont il ne semblait vouloir se lasser. D’une humeur toujours aussi guillerette, il me prit la fantaisie de tournoyer sur moi-même, histoire de lui remontrer la joliesse de mes parties charnues. Voulant une nouvelle fois l’attirer à lui, il agrippa le virevoltant tissu, si fort que le bouton qui le retenait n’y résista pas. Je me retrouvais devant lui, nue depuis la taille, ma petite fente facétieuse égayant son regard.
Voulant poursuivre cette affriolante récréation, j’ôtai également ma brassière, m’offrant à mon complice dans un dépouillement total, bien plus en accord à notre désordre. Je voulus le dépouiller à son tour mais, ses habits montrant plus de résistance que les miens, il dut se lever de sa chaise pour se dévêtir.
Une idée folle me traversa l’esprit :

— Fais comme moi, mets-toi tout nu.

L’homme ne se fit pas prier, ses vêtements volèrent un à un au travers de la pièce. Fièrement campé au milieu de sa cuisine, ventre en avant, il s’empressa de faire glisser son caleçon sur les genoux pour me présenter un noble assemblage qu’il me tardait de savourer.
Agenouillée entre ses cuisses, je pris en main l’épais membre déjà bien dressé au-dessus de ses deux fidèles affidés, je le manipulai sans danger et entrepris l’entretien de ce drôle de fusil en l’embouchant sans plus attendre. Sa main appuya sur l’arrière de mon crâne, forçant la plongée du canon de son arme encore chaude entre mes lèvres insatiables. Il ne me fallut que très peu de temps pour sentir les derniers projectiles s’éjecter de la truculente cartouchière.

503 J’entrepris l’entretien de ce drôle de fusil…

Suffocant en raison de la grosseur de son phallus qui m’étirait la mâchoire, j’en reçus sans ciller toute la brûlante explosion sur le palais et la langue, avant de le retirer, ramolli et émettant encore quelques jets, d’entre mes lèvres non moins écumeuses. Je pus reprendre ma respiration, ingurgitant jusqu’au dernier globule de sa copieuse émission, ramenant entre mes lèvres les grumeaux de son sperme épais accrochés à mon menton, ravie d’avoir pu mener à son terme cette réciproque délectation.

– – –

À la suite de cet inattendu face à face, nos liens se délitèrent. Nos rapports devinrent plus distants, un sentiment mêlé de honte et de repentir agitait mon loyal logeur ; pour ma part, je n’avais aucun regret. Son état de santé s’étant considérablement amélioré, notre collaboration prit fin d’un commun accord peu après cette mémorable journée.
Je retrouvais la solitude des longs week-end dans ma petite chambre d’étudiante, les ennuyeuses rêveries sur mon lit déglingué. Je n’arrivais pas à me défaire de l’empreinte laissée par ces nouvelles expériences qui picotait mon désir de sexualité.
J’aurais tant voulu connaître d’autres émotions, celles que j’avais connues me laissaient toutes une sensation d’inachevé, et j’étais bien incapable de mettre des mots sur cet effet de manque qui me poursuivait. Une seule chose était sûre : il me fallait trouver un moyen de revivre de semblables aventures.
À force de fixer mon ordinateur portable sur ma « tablette-bureau », une idée germa. Était-il possible de prendre contact avec d’autres personnes, partageant les mêmes désirs d’érotisme, et de se mettre en relation ? Était-ce même envisageable ?
Je n’avais pas la moindre notion de la manière de m’y prendre, mais le meilleur moyen était certainement de trouver un « site de rencontres ». Un moteur de recherche m’en donna d’emblée une liste pharamineuse. Après quelques moments d’indécisions, de comparaisons, l’un d’entre eux allécha plus particulièrement mon attention.
Le site offrait un service gratuit et ne demandait aucune donnée personnelle, un atout supplémentaire pour qui veut garder un certain anonymat. L’inscription était étonnamment simple et ne réclamait que la création d’un pseudo. Après trois tentatives infructueuses – ils étaient déjà utilisés – il me fallut faire preuve d’un peu plus d’originalité, d’autant que des noms « alambiqués » m’étaient automatiquement affectés en remplacement.

Un livre traitant de mythologie [1-voir en bas de page], récemment emprunté à la bibliothèque, « traînait » en évidence sur ma table de travail. Le feuilletant au hasard, je tombais sur un passage croustillant :
Ma vulve, la corne,
La Barque des Cieux
Est pleine d’ardeur comme la jeune lune.
Ma jeune terre non-cultivée en jachère.
Qui pour moi, Inanna,
Qui labourera ma vulve ?
Qui labourera mon haut champ ?
Qui labourera mon sol humide ?
Un prénom, d’une résonance agréable, y figurait. Je décidai de retenter ma chance avec ce patronyme bien plus original ; cette fois, il fut accepté sans difficulté. C’est ainsi que, pour la communauté des âmes esseulées, je devins INANNA.
Je fus d’emblée assaillie par de nombreux messages émanant d’hommes, très jeunes pour la plupart, dont la poésie était fortement dissuasive. Heureusement, j’apprivoisai vite ce nouvel outil, ce qui me permit de cibler par moi-même des personnes aux profils plus compatibles. Fuyant expressément les « moins de quarante ans » et ceux dont la prose était plus qu’hésitante, je parvins à nouer quelques dialogues plus constructifs.
Je pris l’habitude de me connecter à des heures régulières, en fonction de mon emploi du temps et des jours de la semaine. Cette disposition facilita une conversation de plus en plus fructueuse avec plusieurs correspondants. Au fil des échanges, ma sélection se peaufina ; quelques postulants se virent évincés, d’autres furent ajoutés.
Un mois plus tard, bien que l’expérience – au final décevante – tourna court, je restai en contact avec un homme d’une quarantaine d’années. Il se disait divorcé, se considérait comme un « hédoniste voulant ajouter un épisode enchanteur à sa vie » et ne pas rechercher une relation sur le long terme.
Puis, ses messages, toujours très polis et distingués, prirent une tournure plus polissonne… et finalement davantage en adéquation avec nos attentes respectives. Aucun de nous deux n’osait se dévoiler entièrement, mais les allusions et les sous-entendus devenaient si manifestes qu’il devenait inutile de continuer à simuler une certaine retenue dans nos propos.
Sans tomber dans le graveleux, notre oaristys, de plus en plus explicite, livra essentiellement nos fantasmes, bien plus que nos réels désirs. Oser avouer quelques idées épicées était une chose, vouloir passer à l’acte en était une autre. De déclarations d’intention en confidences, par ailleurs inavouables, nous confessâmes nos penchants secrets.
Lui, sa vénération pour le corps féminin qu’il aimait découvrir, par la vue tout d’abord, pour ensuite l’effleurer du bout des doigts et poursuivre par une exploration plus en profondeur…
De mon côté, je lui avouai mon culte naissant au dieu Priape, à sa gerbe glorieuse qu’il m’offrait en reconnaissance de ma dévotion…
Après moult réticences, je cédai à la tentation de le rencontrer et il fut convenu que, ne pouvant l’un comme l’autre recevoir dans des conditions dignes, un premier rendez-vous pouvait se faire près de mon logement estudiantin.
Le port du pantalon m’étant défendu, je devais impérativement me présenter en jupe, les dessous affriolants n’étant pas, eux, prohibés. Il prévoyait une balade en forêt, comme un couple amoureux, histoire de mieux se connaître dans un premier temps, et de s’isoler dans un recoin plus ombragé pour satisfaire certaines pulsions… si nos corps s’étaient accordés entre temps.

————— note de bas de page ————

1 – Inanna, Queen of Heaven and Hearth : Her Stories and Hymns from Sumer – Diane Wolkstein & Samuel Noah Kramer

Inanna

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