Itinéraire d’une dévergondée Chapitre 8

Inanna, vous transmet le huitième volet de son histoire érotique

N’oubliez pas de lire le premier chapitre d’Indécences – Itinéraire d’une dévergondée

Chapitre 8 : Spleen

Allongée sur un lit présentant le même état de lassitude que celle qu’il supportait, je laissai mon regard tenter de s’évader à travers les vitres mal lavées de ma chambre d’étudiante. Un ciel ombrageux, dont le gris dominait dans le cadre de l’unique fenêtre qui me faisait face, renforçait la mélancolie qui m’avait envahie. Fraîchement débarquée dans une ville dont je ne connaissais encore rien, j’étais en plein « spleen de la rentrée ».
Comme à l’accoutumée, dans ces mêmes conditions, mes pensées rejoignent mon passé et les bribes de souvenirs qui me submergent m’entraînent inexorablement vers cette « première fois » où ma sexualité s’est révélée. Cet instant m’apparaît aujourd’hui comme l’événement crucial de ma vie.
Amorphe, incapable de me concentrer, je reposai le livre dont je ne me souvenais déjà plus des dernières lignes lues. Une seule image restait indélébilement marquée dans ma mémoire : celle du corps harmonieux de Philippe. À la simple pensée de ce prénom, de vibrants souvenirs refaisaient surface ; sa chaleur, la douceur de son corps me manquaient cruellement. Il me semblait encore ressentir ses caresses, comme profondément imprimées dans chacun des pores de ma peau.
Nous nous étions quittés, presque en pleurs, incapables de livrer notre réel attachement, la gorge nouée par l’agitation contenue de nos émotions. Bien sûr, nous nous étions promis de se retrouver l’été suivant, de vivre des moments encore plus tendres, plus intenses…
Un an ! Il me faudrait attendre encore une nouvelle année, autant dire une éternité…
De plus, la complicité que je partageais avec ma mère s’était dégradée depuis la fin des vacances. Sa suspicion, mon acharnement à nier l’évidence, avaient quelque peu brouillé nos rapports. Son insistance à vouloir connaître la véritable raison de mes inappropriées sorties « bains de soleil », son obstination à savoir si mon comportement n’avait pas été « hasardeux », ses questions insidieuses m’avaient irritée, d’autant que je ne pouvais lui confier ouvertement que l’homme que j’avais rencontré avait l’âge d’être mon grand-père.
Cherchant à regagner sa confiance perdue, je m’enfermai dans le mensonge, finissant par avouer un simple flirt avec un adolescent de mon âge, avec qui je n’avais partagé que des jeux bien innocents sur la plage. Après quelques échanges acrimonieux, d’énièmes mises en garde sur le risque de côtoyer trop intimement certains garçons, je me résolus, contrainte et forcée, à subir l’examen médical qui – selon ses propres termes – devait me faire rentrer dans ma vie de femme.
Mal préparée, j’avais ressenti ce « contrôle » comme un véritable avilissement. La palpation des seins et l’examen pelvien m’avaient particulièrement mise mal à l’aise. Ma virginité perdue ne faisant aucun doute, certaines questions sur ma vie sexuelle m’avaient perturbée. Le seul acte qui pouvait véritablement m’avoir aidé, hormis le fait de me savoir en bonne santé, était la prescription d’un contraceptif, avec toutes les mises en garde et les modalités de son usage.
La compagnie de mon chien me manquait cruellement. Étendue sur mon inconfortable couchette, je revoyais mon vénérable Granite, encore chiot, s’endormant sur ma poitrine, bercé au rythme de ma respiration. Du fait de mon éloignement, je ne le retrouvais plus, au mieux, que par quinzaine. L’absence du rituel de nos petites sorties du soir, pur délassement entre les devoirs et le coucher, me rappelait plus cruellement ma rupture avec mes habitudes de vie antérieure.
Pour tenter de dissiper ces souvenirs amers et la morosité qui m’envahissaient, je me levai, bâillant de lassitude, pour m’asseoir face à une tablette courant sur tout un pan de mur et faisant à la fois office de bureau, bibliothèque, voire… dressing et cimaise à tableaux ! Là, trônait la pièce maîtresse de mon maigre équipement : un ordinateur portable, mon seul lien avec le monde extérieur à cette université, mon téléphone portable n’ayant pas survécu à une saute d’humeur ultérieure à un ixième « passage à la question ».
En mal de solitude, souffrant de mon exil, dédaignant de m’investir dans mes études qui me semblaient devenues soudainement dénuées de tout intérêt, pour tromper mon ennui, je me mis à naviguer au hasard sur des sites qui ne captivèrent guère davantage mon désir de distraction.
Abattue, je me laissai tomber sur ma couche aux ressorts esquintés qui rouscaillaient sans cesse leur amertume. Le corps replié en position fœtale, je m’abandonnai nonchalamment à un sommeil qui ne me connaissait plus.
Mes rêves éveillés me ramenaient invariablement la même vision, celle d’un Philippe évanescent, toujours nu, dont le sexe hypertrophié s’érigeait à ma simple vision. Heureux de voir ma boîte de contraceptif sur mon chevet, il se glissait au plus profond de mon ventre et ne s’en retirait qu’après m’avoir déposé un phénoménal flot de semence dont la chaleur me remplissait de bien-être.
Ce sont mes propres gémissements qui me sortaient régulièrement de mon assoupissement, je me retrouvais le bas-ventre en feu que je tentais de calmer par ce qui devenait une addiction manuelle ; vaine thérapie dont la stimulation était loin de m’apaiser.
Le corps supplicié, l’esprit tourmenté, je m’interrogeais sur ce qui pourrait m’arracher à ce manque de volonté. Il me fallait coûte que coûte m’investir dans une activité extérieure, sans toutefois rogner sur mon temps d’étude. Considéré avec attention, c’était par le biais des petites annonces que je devais trouver ce qui me sortirait de l’inaction et me donnerait également la possibilité, non-négligeable, de m’offrir quelques petits « extra ».
Je me mis sans plus tarder à consulter les sites spécialisés dans les annonces gratuites en m’orientant vers des services qui m’étaient abordables : garde d’enfants, soutien scolaire… Plusieurs offres retinrent vite mon attention, mais les déconvenues furent à la hauteur de mes espérances ! Les réponses négatives se succédaient : poste déjà occupé, horaires incompatibles avec mes cours, etc.
Loin de me laisser décourager je m’orientai vers les aides aux personnes. Si elles semblaient nettement moins courues, il me fallut également une bonne dose de patience et d’obstination, voire de persuasion, pour obtenir ne serait-ce qu’une simple réponse.

Inanna

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *